« Les orques sont de nouveau rentrées dans le port »

Une dorsale perce l’eau sous mes yeux. Un torrent d’émotions se déverse en moi. Elles sont là, et je peux les voir. Mes yeux sont toujours rivés sur la mer et soudain, entre deux vagues, une deuxième dorsale fend l’horizon. La petite fille qui rêvait de voir des orques libres vingt ans plus tôt n’en reviendrait pas…
Le couple qui me tient compagnie décide de longer la côte pour se rapprocher. Je n’ai malheureusement pas le temps de me joindre à eux. Nous nous saluons et ils s’éloignent au loin. Je profites encore de mon dernier quart d’heure pour continuer d’observer l’horizon dans l’espoir de voir une dernière dorsale. Mon souhait est exaucé quelques secondes avant de partir. Le mâle du groupe fait son apparition. Quelques larmes ruissellent sur mes joues mais je n’ai pas le temps de me remettre de mes émotions. Je dois retourner dans le centre de Gênes pour prendre mon transport vers la France.

Sur le chemin du retour, j’écrivais ces quelques lignes :
Merci, je vous aime »

Au moment où j’écrivais cet article, je devais être à Londres pour l’événement March for the Dams, une marche pour dénoncer l’inaction des autorités américaines face à l’extinction des orques résidentes du sud. Mais, à cause de la propagation fulgurante du Covid-19, j’ai du rentrer en France avant le début du confinement.
Les orques de Gênes et les orques résidentes du sud ne sont pas les seules espèces à subir les conséquences de l’activité humaine. Aujourd’hui, toi et moi, nous sommes obligés de rester chez nous pour limiter la propagation d’un virus qui ne nous aurait probablement pas atteint si nous n’avions pas des moyens de transports aussi rapides. La situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui est une conséquence directe de nos modes de vie. C’est bel et bien le serpent qui se mord la queue…
J’ose espérer que tout ceci ne servira pas à rien. J’espère du plus profond de mon cœur que ce confinement sera un temps de réflexion sur nos vies et ce que nous faisons sur cette planète. J’espère que nous ouvrirons les yeux sur ce et ceux que nous détruisons pour notre confort. Une autre vie est possible, nous pouvons vivre en respectant notre monde. Profitons de ce temps pour ouvrir les yeux et tenter de sauver ce que nous sommes en train de perdre. Chaque effort compte, même les tiens…

